Diversité biopoétique
Document de travail authentifié par le président du Groupe de travail III
La Conférence des Parties,
Considérant l’entente des Parties sur la constitution [urgente] d’un groupe sectoriel de travail en écocritique contemporaine;
Reconnaissant l’apport des écrits du poète-ornithologue Pierre Morency dans le maintien [et le suivi] de la biodiversité littéraire des espèces domiciliées [ou séjournant] aux îles du fleuve St-Laurent situées en aval de la ville de Québec, incluant sans s’y limiter: l’île d’Orléans et l’île-aux-Grues;
Urge les Parties d’adopter les versions [préliminaires] établies ci-après des poèmes figurant aux pages 55 et 56 du recueil Poèmes; 1966-1986, publié par les Éditions du Boréal en 2004;
Prie la Secrétaire exécutive de défendre, auprès de l’Organisation des Nations Unies pour la lecture durable, la nécessité d’élargir le mandat du présent groupe aux poètes des espèces non humaines, avec une urgence particulière pour les représentant.e.s figurant sur les listes des espèces menacées et en voie de disparition.
Poème 1
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1. La déléguée de l’Argentine rappelle les attaques ironiques proférées par Morency, ici et ailleurs, envers les «condamnés de la ville», et soutient que l’emploi du verbe «conforter» serait plus en phase avec l’attitude générale de l’auteur, contre l’apaisement sentimental de la population citadine. 2. Le délégué de l’Indonésie souligne l’exclusion des pays équatoriaux dans l’évocation de cette saison et entame une réflexion quant à son remplacement. 3. «Doit-on encore mettre de l’avant un discours alarmiste sur la crise de la biodiversité?», se demande le représentant de la France. 4. La déléguée du Ghana souligne le faible taux d’eau embouteillée puisée directement des ruisseaux et suggère des provenances alternatives dans le but d’offrir un portrait global de l’enjeu. Le représentant des Fiji rejette la proposition d’amendement. 5. La déléguée de l’Allemagne doute de la nécessité de ce détour par le sentiment amoureux dans l’accomplissement des objectifs de préservation du poème. La déléguée du Japon défend au contraire l’importance des actes d’attachement tels que déclinés dans le recueil, et rappelle le rôle crucial du groupe nominal dans l’expression rythmique de la nature pratiquée par Morency. 6. Mise à part la forme non attestée «sanseviera», probablement une erreur de transcription de «sansevieria», cette appellation de la plante trahit son origine eurocentriste, croit le délégué du Nigeria. Celui-ci rappelle que cette plante domestiquée et décorative (dans la culture horticole nord-américaine) revêt des propriétés médicinales et religieuses pour la tribu Igbo, habitant le sud-est du Nigeria, d’où la plante est originaire. C’est le naturaliste suédois Carl Peter Thunberg qui présenta pour la première fois cette plante à l’attention du monde occidental en 1794. Il la nomma en l'honneur du prince Raimondo di Sangro, originaire de la ville de San Severo, en Italie. Le représentant du Nigeria suggère, en remplacement, le terme employé par la tribu Igbo, soit «ebube agu». |
Poème 2
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1. Le délégué du Royaume-Uni exprime son inconfort par rapport à cet «ordre», tel que formulé par Morency, et souligne toute l’importance de ces «mots explicatifs». Il ne voit pas en quoi ceux-ci s’opposeraient aux «observatoires», formule les modifications ci-contre et appelle les délégations à adopter l’ordre du jour: «Be nature positive!» 2. À ces mots, le représentant du Costa Rica, au nom d’une petite coalition, invite les délégué.e.s à observer une minute de silence en respect aux victimes du déclin de la biodiversité. Opposition quasi unanime de l’assistance: leur temps est précieux, c’est en discutant qu’on en viendra à une entente et celle-ci doit être adoptée en vue de la prochaine COP. 3. Le délégué du Royaume-Uni suggère cette modification, dans l’esprit de ses révisions précédentes, et défend vigoureusement l’adoption d’outils de mesure et de barèmes de suivi des objectifs, au centre des discussions de la présente rencontre. 4. Le délégué de la Chine s’esclaffe face à la déconnexion évidente du poète envers les enjeux de négociations actuelles, centrés sur l’adoption d’un fonds mondial pour la biodiversité, qui aidera les pays en développement à accroitre leur infrastructure de protection naturelle. Cette rencontre en elle-même, ajoute-t-il, est la preuve du détachement qui dégrade le texte original. 5. La déléguée de l’Argentine avance l’hypothèse, conformément aux métaphores de l’œil dont la prépondérance est indiscutable dans l’œuvre de Morency, que les observatoires en question relèvent peut-être moins de prouesses techno-scientifiques que de simples «postes d’observation», d’où le poète peut aiguiser son regard. Elle se réfère à un autre texte de l’auteur, disponible en annexe du document de travail: «L’un de mes points d’appui se trouve ici, à Québec, sur la première marche d’un escalier public menant de la rue Saint-Denis à la rue Dufferin. Assis sur cette marche, il m’est déjà arrivé de faire une expérience capitale: regarder mon propre regard en train de s’envoler.» (Lumière des oiseaux, 1992, p. 89) «Peut-être nos distingués délégués seraient-ils passés à côté de quelque chose», conclut-elle. |
Paquette-Bélanger, David. 2023. Programme pour la conservation de la CBD littérature environnementale. Réécrire la COP15. Cahier virtuel. Numéro 8. En ligne sur le site de Quartier F. https://quartierf.org/fr/article-dun-cahier/programme-pour-la-conservat…