L.

Auteur·e·s de l'entrée de carnet
Date de publication de l'entrée
Carnet référent
Image
Légende / Description

Crédits: Alexandros Tzortzis (Instagram: @alexandrostzortzis)
 

À l’université un conférencier portait trois prénoms d’hommes
Armé d’eux il n’a pas arrêté de réduire
De se moquer de clore de mépriser et classifier et mettre en boîte et
Forcer
Je n’arrive plus
À ne plus être incluse.

Ma poitrine allait en se rétractant j’ai failli tomber dans le bol brûlant du rejet
Mais maintenant que tu as terminé de performer je me repose dans la petite mèche de
tes cheveux blonds
Tu l’as sans doute modelée avec tact ce matin
À l’aide de la pommade prescrite par ta coiffeuse, la même depuis dix ans
Tes mains dans la salle de bain
Portées par la certitude de deux choses au moins
Ta coiffeuse est là pour toi
Tu sais comment faire délicatement avec ça.

Quand tu tournes la tête pour répondre je me repose
Dans les plaques gris pâle cernant tes oreilles
Les regardes-tu des fois en te demandant pourquoi le temps passe si vite
As-tu peur le matin en te brossant les dents
De la mort
As-tu pris peur ce matin même
Ou t’es-tu dit que ça ne valait pas la peine
Tu allais prendre un croissant fourré aux amandes à la place
Tu l’avais déjà spotté hier, une fine viennoiserie des petites boulangeries comme tu ne
t’en paies plus depuis que tu es seul
Seul comme les gens qui se demandent à quoi bon se cuisiner un bon souper quand on
n’a personne.

On s’est rencontrés dans un colloque sur le doute tu n’as pas arrêté de mépriser
Une chance qu’à présent tu trembles de la jambe
Une chance que bientôt tu trembles des deux
C’est là où je m’assois
Pour trembler près de toi.

Tu n’as pas cessé de t’emmurer, une chance que tu poses une main sur ta cuisse
Pour te calmer la peur d’être sans limites
Une chance qu’après tu t’assois juste derrière moi 
Que tu conserves ton sac à bandoulière
La sangle rayant ta poitrine de l’épaule jusqu’au flanc
Tu te crois protégé
Une chance que tu te trompes 
C’est ici que moi j’entre
 

Autres entrées du carnet
Catherine Anne Laranjo
Sometimes a corner of the black screen lightens and a tiny guy in me gets up, excited
Catherine Anne Laranjo
Avec toi on a appris à regarder sans mourir.
Catherine Anne Laranjo
Elle parle de ce qu’elle écrit comme de scènes elle la découpe pour que la vie soit vivable